PAQUAY Jean-Marie, Victor, Ghislain.

3883 jean marie paquay a5d4f a4ba0Bertogne (pr. Luxembourg, arr. Bastogne), 17 septembre 1942 – Ottignies (pr. Brabant wallon, arr. Nivelles), 3 mars 2018. Secrétaire du Mouvement ouvrier chrétien du Brabant wallon de 1974 à 2004, conseiller communal représentant le Parti socialiste d’Ottignies.

« La solidarité, c’est la tendresse des peuples » 
Tomás Borge, Nicaragua


Sa famille
Jean-Marie Paquay est le fils de Jean-Léon Paquay, né le 1er août 1918, et de Marie-Thérèse Arnould, née le 12 octobre 1920. Il est le second d’une fratrie de sept enfants : Michel (†) est né en 1941, Jean-Marie en 1942, Paul (†) en 1944, Rémy en 1947, Bernard en 1950, Benoit en 1955 et Micheline en 1958. Sa famille est originaire de Bertogne où son père est instituteur et directeur d’école. En 1952, Jean-Léon Paquay part au Congo où sa famille le rejoint. Il est instituteur à Matadi, à Kolwezi avant de devenir directeur à Kananga (anciennement Luluabourg), dans la province du Centre-Kasaï. Jean-Léon Paquay est tué le 10 juillet 1960, c’est une des premières victimes belges lors des évènements du Congo. La mère de Jean-Marie devient veuve à trente-neuf ans avec la charge de sept enfants. Jean-Marie Paquay, qui va avoir dix-huit ans, devient soutien de famille. Retraité, il exprimera le souhait de se recueillir sur la tombe de son père. Grâce à une amie qui l’a retrouvé, il fait ce voyage au Congo en 2007 avec le soutien du Ministre de la Défense : il accompagne une mission de la Défense à Kananga au moment où la Belgique soutientles programmes d’intégration de l’armée congolaise (FARDC - Forces armées de la République démocratique du Congo). Lors de ce voyage, il rencontre un ancien élève qui avait enterré la dépouille de son père et entretenu la tombe.
 
Jean-Marie Paquay épouse Marie-Thérèse Charlot le 6 juillet 1968. Née en 1941, elle fait ses études d’assistante sociale à l’École sociale à Notre Maison à Charleroi. Elle entre comme assistante sociale aux Aumôniers du travail à Charleroi. Elle travaille ensuite à la mutualité chrétienne du Brabant wallon à Nivelles. Après un temps d’arrêt pour élever ses enfants, elle reprend un poste d’assistante sociale au Collège Saint-Étienne à Court-Saint-Étienne (aujourd’hui Brabant wallon, arr. Nivelles). Le couple aura deux enfants : Florence et Jean-Marc.

Ses études
Jean-Marie Paquay fait ses humanités en latin-grec à Ohain (aujourd’hui commune de Lasne, aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles), au Collège latin Notre Dame d’Argenteuil, établissement d’enseignement secondaire bilingue de la congrégation des Aumôniers du travail. Il fréquente cet établissement du 13 septembre 1954 au 30 juin 1957. En 1957, la congrégation crée un nouveau collègue bilingue à Meldert (Hoegarden, aujourd’hui pr. Brabant flamand, arr. Louvain-Leuven), le Sint-Janscollege Meldert. Jean-Marie y fera sa troisième année dans la section francophone de l’Écluse, où, vu les lois linguistiques en vigueur depuis 1961 en Belgique, les élèves francophones suivent les cours. Ce lieu situé sur la frontière linguistique est un ancien hameau de Meldert mais rattaché à Beauvechain (arr. Nivelles), commune de l’actuelle province du Brabant wallon. De ce fait, Jean-Marie est bilingue. Il termine ses humanités, de 1958 au 14 juin 1960, au collège Saint-Louis à Luluabourg au Congo.
 
Revenu en Belgique, Jean-Marie Paquay poursuit une licence en sociologie à l’Université catholique de Louvain. Destiné à la prêtrise par sa famille, il entre dans la congrégation des Aumôniers du Travail spécialisée dans l’enseignement professionnel et technique à Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi) pour faire ses premières classes. C’est ainsi qu’il devient professeur de religion aux Aumôniers du Travail à Charleroi.

Propagandiste permanent au MOC Brabant wallon
À la fin des années 1960, Jean-Marie Paquay est engagé par Marcel Plasman, ancien bourgmestre de Nivelles, comme secrétaire de la mutualité chrétienne CARITAS. Le 1er janvier 1972, il entre à la Fédération du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) du Brabant wallon à Nivelles en qualité de propagandiste-permanent et de secrétaire adjoint pour remplacer Georges Maes, élu député du Rassemblement wallon. Pierre Tilly signale que sa candidature est soutenue par André Oleffe (voir TILLY, P., André Oleffe, un homme d’influence, Bruxelles, Éditions Le Cri, 2009, p. 326). J.-M. Paquay a la responsabilité du secteur du logement et en particulier de la société Le Clair Logis où il suit le développement de nouveaux projets de construction. Il anime le secteur éducatif et apostolique du mouvement avec les Équipes populaires, l’Action familiale populaire, les Familles populaires à Lourdes (pèlerinages) et le personnel de l’administration. Il est responsable de la bibliothèque et du service régional de documentation et doit promouvoir également Les Assurances populaires, entre autres dans les sociétés de logements sociaux dont il a la charge.
 
Jean-Marie Paquay devient secrétaire fédéral du MOC du Brabant wallon, au départ d’Adolphe Sermon*, en 1975. Il le restera pendant trente ans, jusqu’au 24 mai 2003 date à laquelle il prend sa prépension, il a soixante-et-un ans. Étienne Struyf lui succède. 
Dans le cadre de ses fonctions au MOC, Jean-Marie Paquay assume divers mandats. Dans le secteur du logement social, Jean-Marie Paquay remplace en 1995 Adolphe Sermon comme administrateur et vice-président à Notre Maison, société de logement de service public, issue de la fusion en 1991 de trois sociétés : Notre Maison, le Clair Logis et la Cité verte. Cette société loue quelque 1 985 logements à loyers modérés répartis dans treize communes du Brabant wallon et de la Botte du Hainaut.
 
En 1972, Jean-Marie Paquay et une équipe de militants du MOC du Brabant wallon dénoncent les difficultés de logement rencontrées par un nombre important de migrants marocains. Beaucoup sont venus en Belgique, munis simplement d’un visa touristique. En Brabant wallon, ils ont trouvé du travail dans les secteurs de la métallurgie, la construction et dans les papeteries à Mont-Saint-Guibert, à Genval, etc. Les Usines métallurgiques Émile Henricot à Court-Saint-Etienne, qui occupent plus de 3 000 travailleurs, sont le plus gros employeur de main-d’œuvre étrangère. L’entreprise dispose d’un permis collectif pour « faire venir des bras » et recrute dans les campagnes marocaines. Sans instruction, sans possibilité de regroupement familial, ces migrants, fort démunis, connaissent des conditions déplorables de logement : certains dorment dans les usines, d’autres sont à la merci de marchands de sommeil. En 1972, Jean-Marie Paquay et des militants du MOC du Brabant wallon se mobilisent et créent, en 1972, l’Oasis asbl. Située dans un ancien couvent des Clarisses, cette association offre du logement et des services aux travailleurs migrants comme un service social qui aide ces travailleurs à remplir diverses formalités (permis de travail, mutualité, …), un centre de médecine préventive ainsi que des groupes d’alphabétisation. L’accent est mis sur le relogement des travailleurs étrangers et le regroupement familial. Avec le soutien de la CSC (Confédération des syndicats chrétiens) et du Ministère de l’Emploi et du Travail, l’Oasis devient, à Wavre, un service d’accueil et de formation pour travailleurs immigrés. Cette action dans laquelle Jean-Marie Paquay s’est fortement engagé, durera dix-huit ans (voir Site web : www.infowavre.be )
Dans la prolongation de son engagement pour les droits des travailleurs migrants, J.-M. Paquay accepte la présidence de la Coordination et Initiatives pour et réfugiés et étrangers (CIRÉ). Il signera encore la carte blanche intitulée Variations sur un thème connu, parue dans L’Écho, le 26 janvier 2018, pour s’opposer à la politique migratoire du gouvernement Charles Michel.
 
Avec le secrétaire fédéral de la CSC du Brabant wallon, Raymond Coumont, Jean-Marie Paquay soutient et accompagne les luttes sociales qui émaillent la décennie 1970. De nombreuses entreprises restructurent, ferment leurs portes, délocalisent, font faillite. Le chômage croit et cette incertitude pèse sur l’avenir de la région et sur son développement économique. Après le choc de l’annonce d’une faillite, les travailleurs et les organisations sociales dont le MOC innovent pour maintenir l’emploi ou accompagner la reconversion : c’est le cas des entreprises suivantes : 
-  La SA Transports et Sablières Marchand dont la faillite est prononcée le 28 novembre 1974 par le tribunal du commerce de Nivelles. Les travailleurs en front commun syndical demandent au curateur à continuer la production. Cette autorisation leur sera accordée de manière temporaire par jugement en 1975. La production se poursuit de manière autogérée avec la constitution d’une société anonyme Les Sablières Wauthier-Braine. Mais il s’avère que pour poursuivre ses activités, la société a besoin d’un terrain de 20 hectares, propriété de l’État. Alors qu’un appel à adjudication publique est lancé, les travailleurs commencent à exploiter de manière « sauvage » le site tout en se lançant dans une grève de la faim. L’État accepte finalement de leur accorder le permis d’exploiter et l’entreprise peut continuer pendant plusieurs années. 
-  La société ANIC à Louvain-la-Neuve (commune d’Ottignies) dont les ouvrières travaillent en sous-traitance pour l’Université catholique de Louvain (UCL). En 1974-1975, elles constatent qu’elles ne sont pas payées au barème du secteur. Suite à une réduction du contrat, elles refusent d’être affectées à de nouveaux chantiers imposés par l’employeur. Elles arrêtent de travailler. Le 25 février 1975, soutenues par la CSC du Brabant Wallon et par le MOC, elles licencient leur patron et s’approprient leurs outils de travail. Elles renégocient le contrat avec le client principal d’ANIC, l’UCL. Une nouvelle société naît le 10 mars 1975 : Le Balai libéré asbl qui fonctionnera en autogestion jusqu’en 1988. 
-  Les Tuileries d’Hennuyères (aujourd’hui commune de Braine-le-Comte) : le 30 avril 1980, la direction des Tuileries d’Hennuyères ferme l’usine et licencie 61 salariés. Le 13 mai 1980, une cellule de formation est mise en place. Soutenue financièrement dans un premier temps par le MOC du Brabant wallon et son centre de formation, le CIEP (Centre d’information et d’éducation populaire), elle a pour objectif de permettre aux travailleurs licenciés d’entamer un processus de reclassement professionnel. 25 travailleurs s’y affilient y compris quelques chômeurs de Tubize. Le CIEP assure les premiers mois de fonctionnement. L’Office national de l’emploi (ONEm) accepte de subventionner le projet (500 000 francs belges, pour une durée de 42 semaines par an). À partir de septembre 1980, la gestion du projet se fait en front commun syndical par le Centre André Genot (socialiste) de Namur (pr. et arr. Namur) et le CIEP du Brabant wallon. La formation se déroule en deux temps avec deux jours consacrés à des cours de français, de calcul, d’économie, de droit social. Durant ce laps de temps, les travailleurs font du théâtre et montent des projets audiovisuels. Les trois autres jours, pilotés par l’ONEm (Office national de l’emploi), sont de la formation professionnelle avec la soudure, la comptabilité, l’énergie solaire (pour plus d’informations, voir Cellule Mémoire populaire-Brabant wallon, Réalités populaires en Brabant wallon. Documents relatifs à l’histoire des travailleurs de 1830 à 1980, t. 2, Jodoigne, 1982, p. 144-157, « Le premier jugement qui a accordé la gestion d’une entreprise aux travailleurs », Bulletin de la FAR, n°60, juillet-août 1975, p. 23-24).
 
Le MOC du Brabant wallon viendra également en appui des multiples actions des aides familiales pour la revalorisation de leur salaire et de leur métier. Jean-Marie Paquay prolongera cet engagement en étant président du Comité subrégional de l’emploi et de la formation au sein du Forem (Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi).
 
Au sein du MOC, la formation des travailleurs et des travailleuses est une priorité pour se donner les moyens de l’action sociale. Plusieurs programmes se mettent en place avec, comme seule condition d’accès, l’expérience professionnelle ou militante (la VAE – valorisation des acquis de l’expérience) et des compétences minimales de lecture, d’écriture et de calcul. Après un cycle de quatre ans et la présentation d’un mémoire, les étudiants obtiennent un graduat en sciences du travail, délivré conjointement par l’ISCO (Institut supérieur de culture ouvrière) et les Facultés Notre-Dame de la Paix, à Namur. À partir de 1974, il est désormais possible d’obtenir une licence en politique économique et sociale. Les travailleurs-étudiants suivent un cursus de trois ans, organisé par la Faculté ouverte de politique économique et sociale de l’Université catholique de Louvain (FOPES-UCL). Comme secrétaire du MOC, Jean-Marie Paquay soutient activement ces initiatives de formation tant pour les groupes ISCO que la FOPES, auprès de ses militant.e.s et ses permanent.e.s.
 
Pour lutter contre le décrochage scolaire des jeunes et apporter une réponse concrète à un public laissé-pour-compte dans la réforme de l’obligation scolaire à dix-huit ans, le MOC du Brabant wallon lance dès 1981 des projets de formation en alternance : travail/ étude (Action intégrée de développement - AID), ainsi que des Centres d’enseignement à horaire réduit qui deviennent par la suite les Centres d’enseignement et de formation en alternance (CEFA). Dans ce champ de la formation en alternance, Jean-Marie Paquay préside le Conseil d’administration de l’Entraide par le travail asbl.
 
Créé en 1980 et reconnu par les autorités polonaises comme centrale syndicale nationale le 10 novembre 1980, Solidarność rassemble rapidement plus de 9 500 000 membres. Le coup d’état militaire du 13 décembre 1981 et la proclamation de l’état de guerre mettent fin à la liberté syndicale. La CSC, qui a signé un accord de coopération avec Solidarność, organise la mobilisation. Jean-Marie Paquay, en tant que secrétaire du MOC du Brabant wallon, répond à la demande des étudiants de l’ISCO de venir en aide aux syndicalistes de Solidarność emprisonnés. Un Comité Pologne-Brabant Wallon est mis en place dès le 23 décembre 1981 : il rassemble les partis politiques (Parti socialiste, Parti communiste, Rassemblement populaire wallon, Rassemblement wallon-Front des francophones, ECOLO, Ligue révolutionnaire du travail, MAP-GPTC (Mouvement d’animation politique-Groupement politique des travailleurs chrétiens), Pour Le Socialisme), les organisations syndicales (CSC, FGTB (Fédération générale du travail de Belgique)) et les organisations d’éducation permanente et de jeunesse (Vie féminine, les Femmes prévoyantes socialistes, Présence et Action culturelles, MOC, les Équipes populaires, les Faucons rouges, Jeunesse ouvrière chrétienne, Jeunes socialistes). Tous se rendent en délégation le 30 décembre 1981 à l’ambassade de Pologne à Bruxelles pour y déposer une pétition. Ils y expriment leur indignation, condamnent l’arrestation des responsables syndicaux et l’interdiction du syndicat et demandent leur libération immédiate (voir Fonds du Mouvement ouvrier chrétien du Brabant wallon, 1945- 2010, dont le dossier Solidarność [non classé]). En janvier 1982, un premier camion part vers Lublin : il est chargé de vivres, de médicaments et de vêtements à destination des familles des prisonniers, mais également de l’encre d’imprimerie, des radios à ondes courtes, du papier en satin cousu dans les doublures des vêtements pour permettre aux prisonniers de transmettre des informations au Bureau international du travail (BIT), notamment par la valise diplomatique belge. Un réseau se met en place pour accueillir les enfants des militants pendant les vacances. D’autres voyages suivent. 
Trente ans plus tard, le 25 janvier 2012, Jean-Marie Paquay, Pierre Grega, ancien président du MOC du Brabant wallon, Georges Bristot, ancien secrétaire de la fédération CSC, Éliane De Dobeleer, ancienne présidente de la Centrale nationale des employés (CNE) du Brabant wallon, Fabrice Épis alors secrétaire de la CNE de la zone Bruxelles-Brabant wallon, Mario Gotto, permanent au MOC du Brabant wallon, René-Paul Malevé, responsable de la formation à la CSC du Brabant wallon et Tadeuz Oruba*, ancien permanent de la section polonaise de la CSC, sont décorés de la médaille de la Reconnaissance, délivrée par le Centre européen de Solidarité, organisation composée des leaders de Solidarność et présidée par Lech Walesa, pour soutien aux syndicalistes polonais emprisonnés à Lublin (Le Soir, 26 janvier 2012, p. 18).
 
Membre de l’ONG (organisation non gouvernementale) du MOC, Solidarité mondiale, Jean-Marie Paquay contribue activement à plusieurs projets et accomplit diverses missions internationales. Il participe à une mission au Nicaragua dans le cadre de SeP (Solidarité et Participation, 1984). Avec une délégation, il se rend en Libye où il rencontre Kadhafi, en Palestine où il échange, avec Yasser Arafat, dans le cadre d’un projet du MOC de construction d’habitations sociales dans les territoires occupés. Avec les collègues de la mutualité chrétienne du Brabant wallon, Jean-Marie Dieu et Georges Bristot, il contribue au développement d’une mutualité à Haïti pour assurer à la population l’accès aux soins de première ligne et apporte son soutien à la Confédération des travailleurs haïtiens. Il y fera plusieurs séjours pour assurer le suivi de ce projet.

Son engagement politique
En réponse à l’appel du 1er mai 1969 du Président du Parti socialiste belge, Léo Collard*, pour un rassemblement des progressistes, certaines organisations du mouvement ouvrier chrétien, dont le MOC du Brabant Wallon, répondent en 1971 par la création d’un Groupe politique des travailleurs chrétiens (GPTC). II s’agit de constituer une aile gauche démocrate chrétienne et une force politique qui assurent l’expression, l’existence et le respect des chrétiens de gauche. En 1975, le GPTC publie son manifeste dans lequel il présente ses valeurs, ses options et sa stratégie politique et évoque le rôle de la lutte des classes, le modèle autogestionnaire de la société, les pièges du capitalisme et le regroupement de toutes les forces progressistes. Cette stratégie est une constante dans la démarche des chrétiens de gauche. Face à un Parti socialiste incontournable en Wallonie, il faut créer, sur sa gauche, une force politique représentative, y compris sur le plan électoral, avec qui il puisse construire des alliances. Avec des militants et militantes impliqués dans ce mouvement, le Conseil général du MOC francophone adopte le 16 février 1972 le principe du pluralisme politique, limité à trois partis : le PSC (Parti social-chrétien), le Rassemblement wallon (RW) et le FDF (Fédération des francophones). Jean-Marie Paquay participe à cette dynamique et se range dans le camp de ceux qui plaident pour l’ouverture et pour le pluralisme.
Dans ce nouveau contexte, naît le Mouvement d’animation politique, MAP–GPTC. Cette appellation répond à deux logiques : celle d’un fonctionnement de parti, le GPTC et celle d’un mouvement d’éducation permanente, le MAP. En 1978, le MAP-GPTC se rapproche du Rassemblement wallon. Le MAP-GPTC et le RW se présentent ensemble aux élections législatives de 1981 mais c’est un échec. La séparation entre le MAP-GPTC et le RW conduira en 1982 à la naissance du mouvement politique, Solidarité et Participation (SeP) (VOIR COTTENIER J., HERTOGEN K., Le temps travaille pour nous. Militant syndical dans les années 1990 : crise, nouvelles technologies, internationalisation, Bruxelles-Anvers, EPO, 1991).
 
À partir de 1981, le MOC évalue son action politique sur les dix dernières années. Le PSC, membre de la coalition gouvernementale, opte pour une coalition de droite et entérine une rupture avec le MOC. Le 6 février 1982, le Conseil central du MOC prend la décision de créer un mouvement politique, appelé Solidarité et participation (SeP). Il doit rassembler dans la ligne des options fondamentales et des objectifs du MOC tous les progressistes. Très rapidement, dans un contexte d’échéances électorales anticipées, le mouvement se transforme en parti et s’engage dans la campagne électorale de 1985 (Entretien avec Claude Debrulle, Politique, décembre 2005, n°42, p. 14-15). Jean-Marie Paquay se porte candidat à la première suppléance pour les élections législatives. Ce sera un nouvel échec politique.
 
À peine admis à la retraite, Jean-Marie Paquay, non sans susciter un certain étonnement chez ses amis du mouvement ouvrier, se présente en 2004 comme candidat à la huitième place sur la liste du Parti socialiste (PS) aux élections européennes. Il obtient un score de 19 383 voix de préférence. Au niveau local, à la demande de sa colistière, Annie Galban-Leclef, il accepte le mandat de conseiller socialiste au CPAS (Centre public d’action sociale) d’Ottignies-Louvain-la-Neuve à au moment où se met en place une large coalition innovante ECOLO-CDH (Centre démocrate humaniste)-PS. Aux élections communales de 2006 et de 2012, le PS obtient quatre sièges. Jean-Marie Paquay est élu conseiller communal et devient chef de groupe. En 2014, il donne sa démission pour des raisons de santé.
 
Sa longue expérience de responsable d’organisations diverses, sa fréquentation quotidienne des travailleurs et de leurs représentants, sa capacité d’écoute, font de Jean-Marie Paquay un médiateur, voire un conciliateur social. Il sera régulièrement sollicité pour gérer des conflits et tensions entre le personnel et les responsables des administrations publiques, entre les autorités communales et les associations locales (voir ROLAND J.-L., Un bourgmestre vert à Ottignies-Louvain-la-Neuve, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2006). Comme mandataire local, il assumera divers mandats dérivés comme celui de membre du Conseil consultatif communal de l’Intégration, membre de l’Assemblée générale de l’intercommunale sociale du Brabant wallon (jusqu’en 2013).
 

SOURCES : Archives familiales et documentation de la famille Paquay – CARHOP, Fonds du Mouvement ouvrier chrétien du Brabant wallon, 1945- 2010 [non classé] – CARHOP, Fonds de SeP – Hommage à Jean-Marie Paquay par Pierre GREGA, ancien président du MOC du Brabant wallon, et Jean-Luc ROLAND, bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, 9 mars 2018 – Cellule Mémoire populaire-Brabant wallon, Réalités populaires en Brabant wallon. Documents relatifs à l’histoire des travailleurs de 1830 à 1980, t. 2, Jodoigne, 1982, p. 144-157 – « Le premier jugement qui a accordé la gestion d’une entreprise aux travailleurs », Bulletin de la FAR, n°60, juillet-août 1975, p. 23-24 – Le Soir, 24 mai 2003, p.14 – Vers l’Avenir, 10 mai 2003 – Site WEB : www.PS-ottignies-Louvain-la-Neuve.

Marie-Thérèse Coenen

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